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offert au gouvernement de marcher avec lui dans la voie de l’abolition, vous y êtes, et vous l’attendez.

Aussi désormais plus d’embûches, et qu’il soit compris que, si les colons n’ont pas prétendu précipiter des mesures qui ne pourront s’exécuter qu’après celles destinées à garantir le travail et à assurer l’indemnité, ils sont cependant prêts à marcher avec le gouvernement aussitôt qu’il fera sonner l’heure du départ.

Voilà, Messieurs, tout ce qu’a dit votre première adresse, voilà ce que vous renouvelez aujourd’hui, et que vous allez confirmer en le renouvelant.

Mais si, avant de se déterminer à réaliser l’abolition, qu’il a cependant dit être la conséquence et la fin de la loi du 18 juillet, le gouvernement devait prendre le temps d’aviser ; serait-il juste, Messieurs, qu’il voulût perpétuer pendant ce temps l’exercice d’une loi, espèce de torture, qui ne semblait vous avoir été imposée que pour vaincre vos résistances ? Vos résistances sont, à l’avenir, vaincues ; que l’on relâche les liens, que l’on écarte les coins, — car vous vous êtes écriés d’un cri suprême que votre état était intolérable ! — L’opinion vous reprochait de lutter contre elle, et elle avait armé contre vous la main du gouvernement du fouet et de l’aiguillon ; vous avez désormais satisfait à l’opinion, vous marchez avec elle, vous marchez même devant elle ; n’est-il pas juste qu’elle fasse tomber des mains où elle les a mis cet aiguillon et ce fouet qui vous déchirent ? Vous faisiez attendre, se plaignait-on ? C’est aujourd’hui vous qui attendez ; voudrait-on vous punir de ses propres retards, comme on vous punissait des vôtres ? En écartant de ses paroles toute nouvelle peinture des maux dont vous souffrez, maux cuisants qui ont suffisamment eu à cette tribune leur plainte et leur cri, et qu’on a vainement cherché à affaiblir en les démentant, l’auteur de la proposition a attiré l’attention sur l’effet funeste des ordonnances qui accompagnent la loi qu’il vous a représentée comme compromettant politiquement et socialement le but de cette loi : dans un siècle qui proclame l’agrégation et l’association des forces comme principe social, les y prépare-t-on par l’antagonisme et la désaffection ? Si c’est de l’union de la force avec l’intelligence que doit