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No 16. — COMMUNE DES VIEUX-HABITANTS.

Lettre du Maire au Président du conseil colonial.
Vieux-Habitants, 5 août 1847.


Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous transmettre le procès-verbal d’adhésion des habitants de la commune des Vieux-Habitants à l’adresse au roi votée par le conseil colonial dans sa séance du 10 juillet dernier.

Un accident arrivé chez moi m’a empêché d’assister à la dernière séance du conseil. Je croyais, comme on en était convenu, qu’on aurait attendu l’arrivée du packet pour se séparer. Je regrette qu’on ait mis tant de précipitation dans la confection d’une œuvre dont dépend peut-être le salut de la colonie ; telle qu’elle est, je l’eusse cependant votée, bien qu’elle n’aille pas à mes convictions.

J’aurais désiré que l’adresse au roi eût au moins la couleur de celle au gouverneur. Nous ressemblons à des lions dans celle-ci, et à des moutons dans celle-là. Nous partons de bien haut pour arriver bien bas. Rappelez-vous, monsieur le président, qu’on n’a jamais d’égards pour les gens qui ont peur. Rappelez-vous comment l’offre de notre concours a été reçue, et quand nous protestons de notre dévouement à la cause que nous embrassons, nous mentons, et on le sentira, parce que nous ne savons pas mentir.

Le temps de la tactique est passé, a dit M. de Jabrun dans sa brochure, et il a dit vrai. Pourquoi ne pas dire franchement que nous avons voulu arrêter tant que nous avons pu la ruine des possessions de la France, qui entraînait la nôtre, et que maintenant nous préférons notre ruine à la condition de parias qu’on nous a faite.

On a fait un grand crime à Bovis d’avoir parlé du droit commun. Mais vous avez beau employer un style plat et mielleux, que demandez-vous ? N’est-ce pas le droit commun ? Et que vous