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l’initiative que le Conseil prend en ce moment fait disparaître des distinctions que repousse la qualité de Français. Ils demandent à Votre Majesté de participer à la représentation nationale.

» Sire, toute émancipation partielle, en introduisant des causes de dissolution dans les groupes dont se compose la société coloniale, serait fatale au succès de l’œuvre que nous voulons accomplir avec la France. Le Conseil supplie Votre Majesté de préserver les colonies des malheurs qu’entraîneraient inévitablement pour elles de semblables mesures.

» Nous sommes avec un profond respect,

» Sire,
» de Votre Majesté,
» Les très humbles, très obéissants
» et fidèles serviteurs,
Les Secrétaires :            Le Président du Conseil colonial :
» Signé A. Léger et Ledentu. » » Signé Ambert.


M. de Bovis : « Messieurs, la discussion de la dernière séance n’aura pas été perdue, et l’adresse qu’on vous présente aujourd’hui y a puisé, sans aucun doute, cette allure plus résolue que je suis heureux d’y remarquer. Je désire qu’il soit bien constaté que la minorité dont je faisais partie contre la proposition de M. Payen n’a voté contre cette proposition que parce qu’elle ne lui semblait pas formuler assez nettement la demande de l’émancipation simultanée. Aujourd’hui les dissidences doivent cesser, la minorité doit s’incliner et se rallier sincèrement aux vœux exprimés dans l’adresse dont on vient de vous donner lecture, et que nous adopterons, je l’espère, par acclamation. Aucun de nous, Messieurs, ne se dissimule l’importance de la résolution solennelle que nous allons prendre. Notre vote proclame l’abolition de l’esclavage ; il élève une muraille entre le passé et l’avenir. Oublions donc le passé ; étouffons de stériles regrets, s’il en est encore au fond de nos cœurs, et tournons avec courage nos regards vers cet avenir de régénération qui s’ouvre devant nous ; que le concours de