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LE GENTILHOMME PAUVRE



I


Vers la fin du mois de juillet 1842, une calèche découverte roulait sur l’une des trois grandes chaussées qui conduisent des frontières hollandaises à Anvers. Bien que cette calèche eût été nettoyée avec une évidente sollicitude, tout en elle portait les traces d’un certain dénûment. La caisse ébranlée par un long usage se disjoignait sous les cahots ; elle vacillait de côté et d’autre sur la soupente, et craquait, comme un squelette, dans ses moyeux usés. La cape à demi rabattue resplendissait au soleil, grâce à l’huile dont elle était enduite, mais cet éclat d’emprunt ne dissimulait pas les déchirures et les crevasses nombreuses qui en sillonnaient le cuir. La poignée des portières et les autres parties en cuivre étaient, à la vérité, soigneusement écurées, mais les vestiges d’argenture encore visibles dans le creux des ornements