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tu pas, Jeannette, qu’il me donnera des fleurs, parce que je suis ton frère ?

Avant que la jeune fille troublée eût pu répondre, une voix se fit entendre dans la maison ; c’était la mère qui criait :

— Barthélemy, Jeannette, à table !

La jeune fille saisit l’occasion d’échapper à son frère, et gagna la porte, tandis que Barthélemy la suivait en ne cessant de répéter à demi-voix :

— Jeannette, tu peux le dire à Cécile ; mais pas à la mère, pas à la mère…

À l’intérieur la mère s’occupait à tirer la bouillie d’un très-grand pot.

Près du feu était assise une jeune fille dont les vêtements bien que presque semblables en tout à ceux de Jeannette, empruntaient tant à leur façon qu’à la manière dont ils étaient portés une certaine élégance qui les rendait moins campagnards. Le visage moins coloré, les traits plus fins de cette jeune fille, la délicatesse de ses membres, contribuaient aussi à la faire distinguer d’une paysanne, dès le premier coup d’œil. Ses yeux étaient doux et limpides, l’expression de sa physionomie calme et séduisante ; en somme il y avait en elle quelque chose de rêveur qui charmait, — quelque chose de grave et de réfléchi qui attestait la force d’âme et l’énergie du sentiment… Elle cousait un vêtement de femme.

La mère se tourna vers elle et lui dit d’une voix bienveillante :

— Venez, Cécile, nous allons dîner.

En ce moment Barthélemy entra en chantant :