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Après une longue méditation, il poussa un gros soupir, et dit d’une voix abattue :

— Inutile ! je cherche en vain par tout le village, et je ne trouve personne. Les honnêtes gens que je connaissais sont aussi vieux que moi ; les autres mènent une vie de dépense et de luxe…

— Pas moi, pourtant ! murmura Mathias demi-souriant.

L’oncle le contempla avec une joyeuse stupéfaction, et dit :

— Ah ! comment un homme peut-il perdre la tête ainsi ! Tu es le seul auquel je n’aurais jamais songé ; et cependant tu es le seul qui lui convienne… Mais tu n’en voudrais pas, Mathias ; tu ne l’aimes pas, sans doute ?

Mathias pencha sa tête sur sa poitrine et parut tout confus.

— Je ne sais pas, dit-il d’une voix hésitante ; mais si j’étais riche, je donnerais toute ma fortune pour la voir heureuse !

— Alors, ton amour pour elle est assurément très-grand, Mathias ; mais, hélas ! mon ami, elle a peur de toi. C’est bien certainement à tort ; on dirait que son aversion est une maladie de son imagination…

— Je sais qu’elle me hait, dit Mathias en l’interrompant ; je suis convaincu qu’elle continuera de me haïr, et que je serai malheureux avec elle.

— Et tu consens à la prendre pour femme ?

— Un sentiment de pitié pour elle, ma reconnaissance pour vous, me poussent à ce sacrifice. Elle me