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Alors, un gigantesque serpent de feu jaillit du sein de l’immense nuage noir, et l’Océan frémît sous un épouvantable coup de tonnerre. Le signal était donné ! Des éclairs serpentaient sans relâche dans l’espace ; l’eau retentissait comme si dix armées invisibles se battaient avec une artillerie infernale ; mais les écluses du ciel s’entr’ouvrirent et des torrents d’eau tombèrent avec fracas sur le pont du Jonas.

Quelle joie ! quelle agitation ! Comme les pauvres passagers pouvaient boire maintenant, se rafraîchir, sentir couler sur leurs corps embrasés l’eau fraîche, pareille à un baume bienfaisant !

Jean lui-même, Jean le malade, l’épuisé, embrassait ses deux amis et s’écriait avec enthousiasme :

— Dieu soit loué ! je me sens revivre ! je ne mourrai pas !

La tempête dura deux heures. Le tonnerre grondait effroyablement et faisait trembler le ciel et la mer ; les éclairs enveloppaient le Jonas d’une lumière aveuglante ; parfois, les vents déchaînés