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se déployait avec une merveilleuse rapidité au-dessus de l’horizon. Au premier moment, ils n’avaient distingué qu’un petit nuage noir ; mais ce petit nuage, comme s’il eût été animé par une irrésistible puissance d’attraction, paraissait réunir dans son sein toutes les vapeurs de l’air et grandissait à vue d’œil, jusqu’à ce qu’enfin il couvrît comme un mur sombre toute la partie sud du ciel.

Pendant que l’attention générale était fixée sur ce seul point, que tous avaient perdu tout autre sentiment que celui d’une délivrance prochaine, le capitaine donnait des ordres afin de tout apprêter pour recueillir l’eau de pluie. Les voiles disponibles furent tendues sur le pont ; des barils, des seaux et des cuves furent placés aux coins où la pente naturelle devait conduire l’eau.

À peine les premiers apprêts étaient-ils terminés, que la partie du ciel qui était restée claire jusque-là se remplit d’un brouillard épais et qui devint de plus en plus opaque ; le soleil était pâle et sa lumière verdâtre ; et bientôt on se trouva dans une complète obscurité.