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sur l’horizon et qui grandissait avec rapidité. À la certitude de cette délivrance inespérée, un grand nombre se jetèrent à genoux et levèrent les mains vers le ciel en signe de reconnaissance.

L’heureuse nouvelle se répandit instantanément jusqu’au fond du navire. Les malades même, ceux que la mort tenait déjà embrassés, semblaient s’éveiller à une vie nouvelle et imploraient l’aide de leurs amis pour être conduits sur le pont.

Il pleuvait, disait-on. Être mouillé ! sentir ruisseler l’eau fraîche du ciel sur tous ses membres ! aspirer un air humide ! quelle jouissance ! quel bonheur !

Jean Creps fut porté sur le pont par Victor et Donat. Des larmes d’espérance et de joie coulaient sur ses joues pâles, pendant qu’il tenait les yeux fixés sur le nuage noir qui, pareil à un messager du Seigneur, allait apporter à ces pauvres créatures délaissées la santé et l’apaisement.

Les passagers continuaient à regarder d’un œil étincelant et avide. Leurs cœurs battaient, leurs nerfs frémissaient, ils avaient tout oublié, même la soif, pour contempler ce phénomène céleste qui