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tenant en main son pistolet, il cria aux passagers d’une voix forte :

— Arrière, insensés que vous êtes ! Vous voulez faire au Jonas le même sort qu’au navire portugais ? Vous demandez de l’eau ou la mort ? De l’eau, vous n’en aurez pas ; mais la mort sur-le-champ, si l’un de vous ose s’approcher de nous à deux pas. Arrière, sur votre vie ! ou les balles vont faire justice de votre criminel aveuglement !

Les passagers reculèrent jusqu’à la distance désignée ; ils murmuraient encore et jetaient des regards flamboyants sur le capitaine ; mais la vue des marins qui, le revolver au poing et le poignard aux dents, semblaient prêts à commencer une sanglante tuerie, refroidit un peu leur rage et les fit hésiter. Cependant, les plus exaspérés s’étaient réunis près de la proue, où ils s’excitaient les uns les autres, et délibéraient pour savoir comment on attaquerait le capitaine. Il y en avait même trois ou quatre qui avaient tiré les leviers hors des treuils où s’enroulaient les câbles et qui brandissaient ces effroyables massues au-dessus de leurs