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— Tu pars pour le pays de l’or ! tu vas en Californie ! murmura-t-il.

— Dans deux semaines.

— Toi, toi, Jean ! La soif de l’or t’a-t-elle pris ainsi tout à coup ?

— Oh ! non toi-même, Victor, tu m’as mis la tête à l’envers en me parlant sans cesse du pays extraordinaire qu’on vient de découvrir. Je vois dans ce voyage un bon moyen d’échapper à l’étouffante vie de bureau ; l’or n’est qu’un prétexte pour obtenir le consentement, de mon père… Ah ! ah ! demain, je suis libre : demain, je deviens actionnaire de la Californienne ; demain, je retiens ma place sur le navire le Jonas !

— Que tu es heureux ! dit Victor en soupirant. Mon Dieu, que ne donnerais-je pas pour pouvoir être ton compagnon de voyage !

— Tu n’as qu’à vouloir, Victor. L’oncle de Lucie n’a-t-il pas déclaré vingt fois qu’il te prêterait l’argent nécessaire, si tu osais entreprendre un voyage en Californie ?

— Et ma mère, Jean ?