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Au pied du lit était assis Donat Kwik, qui, dans l’excès de son repentir, se labourait la figure avec les ongles et se jetait si cruellement la tête contre les poutres, que le sang coulait de ses joues. Par instants, il murmurait d’une voix rauque :

— Tiens ! tiens ! animal que tu es ! Âne ! cela t’apprendra à aller en Californie… Tu seras mangé par les baleines : c’est très-bien fait, tu l’as mérité, vilain et stupide imbécile !

Plus tard, dans la nuit, la fièvre brûlante parut avoir abandonné le malade. Il était calme, respirait plus librement et semblait sommeiller.

Donat s’était endormi, la tête sur ses genoux et rêvait tout haut de son village natal… Ce qu’il disait devait émouvoir profondément Roozeman, qui veillait, car il écoutait en tremblant les paroles qui tombaient de la bouche de Donat :

— Ah ! Blesken, ma chère vache, murmurait celui-ci, tu ne veux pas manger de cette herbe tendre ? Prends-y garde, Blesken ! qui n’est pas content de ce qui est passable quitte les trèfles pour les joncs !… Tu as peut-être soif ? Il fait si