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le jeune homme qui se traînait à ses pieds et lui demandait la vie de son pauvre ami.

Victor réitéra ses supplications désespérées auprès du pilote avec le même insuccès… Un cri de rage lui échappa ; il s’élança vers un baril d’eau et y porta la main. Trois ou quatre matelots le menacèrent de leurs couteaux, et comme Victor, aveuglé, ne retirait même pas sa poitrine sous la froide impression de l’acier, ils sautèrent tous ensemble sur lui et le jetèrent loin d’eux sur le pont.

Convaincu qu’il n’y avait pas de salut possible, le pauvre Roozeman s’arrachait déjà les cheveux et se déchirait la poitrine, lorsqu’un marin lui offrit un peu d’eau, moins de la moitié d’un demi-litre, en échange de sa montre d’or.

Avec quelle folle joie Victor sacrifia le cadeau chéri de sa mère, pour prolonger la vie de son ami, ne fût-ce que d’une heure ! Il courut tout joyeux vers Jean Creps, lui porta la bouteille aux lèvres et lui versa le breuvage rafraîchissant dans la bouche, en riant d’un rire nerveux.

Les forces semblèrent, en effet, revenir au ma-