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Cette pensée remplit Roozeman d’un désespoir indescriptible ; il se jeta en pleurant sur son ami, lui adressant mille paroles consolantes, auxquelles il ne croyait pas lui-même. Donat tenait une main du malade et l’arrosait de larmes silencieuses.

Jean s’efforçait de lutter contre son mal et de leur faire croire qu’il avait encore du courage et qu’il n’était pas si malade qu’on se le figurait ; mais bientôt ses dernières forces l’abandonnèrent, il poussa un soupir effrayant et se laissa tomber dans les bras de son ami en criant d’une voix déchirante :

— De l’eau ! de l’eau ! de l’eau ! Ma vie pour une gorgée d’eau ! L’eau seule peut me guérir !

En entendant ce cri, Victor sauta debout, courut comme en délire vers le capitaine et tomba à ses pieds les bras tendus. Il pria, il pleura, il se tordit convulsivement les mains, il offrit toute une poignée de billets de banque, tout ce qu’il possédait, pour un demi-litre d’eau. Mais le capitaine resta impassible et muet, comme s’il n’avait pas aperçu