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suffoqués, sans haleine ni courage, succombant sous cette chaleur effroyable, et cherchant vainement sur le pont et dans la cale un lieu pour se rafraîchir et se reposer ; mais partout l’atmosphère était également brûlante et l’air étouffant. Ce qui rendait leur sort encore plus pénible, c’était le manque d’eau. Un grand nombre d’entre eux, tourmentés par une soif irrésistible, épuisaient leur ration avant que le soleil tombât directement sur leurs têtes, et passaient alors le reste de la journée à lutter douloureusement contre la soif.

Ils souffrirent ainsi dès le premier jour de calme ; qu’eût-ce été s’ils avaient dû rester stationnaires pendant plusieurs semaines au milieu de cette fournaise et de cette atmosphère énervante !

Le deuxième jour, aucun vent n’avait agité les voiles et la chaleur paraissait doublée. Craignant que ce calme prolongé n’épuisât la provision d’eau nécessaire pour atteindre les côtes d’Amérique, le capitaine déclara que le salut de tous l’obligeait à prescrire une mesure cruelle. Désormais, chacun des passagers ne recevrait plus qu’un demi-litre