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composait exclusivement de salaison et de biscuits secs ; il y en eut qui échangèrent des objets de prix contre une simple chopine d’eau.

On arriva enfin sous l’équateur. Là, le Jonas fut arrêté par un de ces calmes persistants que les gens de mer craignent plus que la plus violente tempête. La mer était unie et brillante comme un miroir, sans que la moindre brise vînt agiter sa surface. Le soleil flamboyait comme un globe de feu dans un ciel bleu foncé et brûlait si impitoyablement tout ce que frappaient ses rayons, qu’il fallait arroser sans cesse le pont du Jonas avec de l’eau de mer pour empêcher le bois de se fendre et le goudron de fondre ; et pour permettre aux passagers de poser le pied sur les planchers incandescents. Le ciel était de plomb ; toutes les voiles pendaient flasques le long des mâts ; et le vaisseau restait immobile, comme un corps mort au milieu de l’immense Océan, qui semblait à chacun pareil à un désert dont on n’atteindrait jamais les limites.

Les passagers allaient et venaient, désespérés,