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que le capitaine, impatient et irrité, mit fin au débat par ces mots :

— Ici, matelots ! Qu’on jette cet enragé dans la fosse aux lions pour trois jours !

Cet ordre parut frapper Donat d’une terreur inexprimable. Peut-être croyait-il qu’il y avait réellement des lions au fond du navire ; il regardait le capitaine, tremblant et stupéfait, comme s’il croyait avoir mal compris ; mais lorsqu’il se vit empoigné rudement par les matelots, il se mit à sangloter tout haut, et se laissa tomber à genoux devant le capitaine, les mains tendues et les yeux remplis de larmes.

Les deux amis s’efforcèrent de fléchir le juge sévère. Victor Roozeman, encore pâle d’indignation, prétendait, qu’on allait commettre une criante injustice, et il voulait faire comprendre au capitaine qu’on avait tourmenté et opprimé dès le premier jour le pauvre garçon. Jean Creps, au contraire, s’efforçait de présenter l’affaire comme insignifiante, et demandait, en termes conciliants et sensés, le pardon de Donat, qui ne lui en montrait