Page:Conscience - Le pays de l'or, 1869.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de docteur Geneverneus[1]. Les Allemands d’en bas le traduisirent par docteur Schnappsnase. Donat Kwik eut ainsi l’honneur de baptiser le docteur d’un nom qu’il devait garder jusqu’à la fin de sa vie.

Tout se passa assez paisiblement sur le Jonas, et les jours se suivaient, longs et monotones. On remarquait déjà qu’un certain nombre de voyageurs avaient perdu leur gaieté et restaient à rêver pendant des heures entières, immobiles à la même place, ou assis à part dans un coin, absorbés dans leurs pensées. L’ennui allait venir peu à peu, et probablement avec lui, pour plusieurs d’entre eux, le chagrin et le repentir d’une conduite blâmable ou d’une résolution inconsidérée.

Le seizième jour après leur départ d’Anvers, les passagers étaient assis autour des gamelles. Depuis quarante-huit heures il faisait un temps pluvieux et le soleil restait voilé derrière un épais rideau de brouillard gris. Cependant, le ciel commençait à s’éclaircir, et quelqu’un vint annoncer avec joie

  1. Nez de genièvre.