Page:Conscience - Le pays de l'or, 1869.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moustaches et ses petits yeux peut regarder ses jambes ; je lui ai fait à coups de pied quelques bleus qui ne lui ont pas fait de bien.

— Vous vous êtes déjà battu, Donat ! Il faut vous montrer plus traitable, mon ami, sinon vous pourriez avoir la vie dure avec vos compagnons, dit Victor Roozeman.

— Battu, monsieur ? C’est-à-dire qu’après m’avoir donné pas mal de soufflets et de coups de pied, ils m’ont jeté à six hors de leur repaire de brigands sur le pont. Je suis allé chez le capitaine pour porter plainte. Le capitaine parle une sorte de flamand maritime ; il me comprend. Mais il m’a jeté quelques jurons à la figure, et m’a dit que chacun devait tâcher d’avoir sa part de la gamelle : tant pis, dit-il, pour les paresseux.

— Il a raison, il faut essayer de suivre son conseil.

— Essayer, messieurs ? Ce n’est pas nécessaire. J’ai mangé toute ma vie à un plat commun. S’il ne s’agit que de manger vite, d’avaler les fèves à moitié brûlantes, j’apprendrai leur métier aux Français