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leur dernier sou pour aller en Californie ; des gens perdus qui faisaient honte à leurs parents par leur conduite désordonnée ; des dissipateurs à bout de ressources, des joueurs ruinés, des boursiers exécutés, des banqueroutiers, et même des condamnés libérés.

— Belle compagnie ! dit Victor en soupirant. Si j’avais pu le prévoir !…

— Tu serais resté à la maison ?

— Non, mais je n’aurais pas choisi le Jonas pour faire la traversée.

— Bah ! nous sommes embarqués maintenant avec cette étrange bande, et nous devons voguer avec elle, comme dit le proverbe. Il ne faut pas être si difficile, Victor. Tu pouvais bien prévoir, n’est-ce pas, que, dans notre longue traversée et là-bas dans un pays encore sauvage, tu serais exposé à voir et à entendre des choses tout autres qu’auprès de ta pieuse mère ou de la douce Lucie Morels !

— Certes, Jean, et j’accepte sans regret le sort comme il se présente. Il m’en coûtera beaucoup ce-