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qui un cigare, qui une pipe, et montèrent sur le pont, où se trouvaient en ce moment la plupart des passagers. Quelques-uns s’étaient étendus sous les rayons brûlants du soleil ; d’autres étaient assis sur des bancs ; mais le plus grand nombre se promenait par groupes.

Roozeman, le dos appuyé contre le bastingage et le regard fixé sur les passagers, dit à son camarade :

— Mon ami, avec quelle sorte de gens sommes-nous donc ? Nous n’entendons que des jurons et d’ignobles plaisanteries !

— Oui, répondit l’autre en souriant. Tu ne sais pas encore tout. Je n’ai eu le mal de mer que quarante-huit heures ; je me suis promené sur le pont et dans la cale, pour connaître d’un peu plus près nos compagnons de voyage. Il y a bien quelques braves garçons et quelques honnêtes gens parmi eux ; mais la plupart sont des gaillards qui ont mérité la corde ou qui y ont réellement échappé ; beaucoup d’ivrognes qui ont laissé femmes et enfants dans la misère et ont emporté