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ne suis pas assez éloquent pour y trouver du plaisir… Oh ! mon Dieu, ma tête, ma tête brûle !

Les deux amis lui dirent encore quelques paroles encourageantes, et continuèrent leur promenade.

Pendant ce temps, le Jonas, poussé par un vent frais, descendait majestueusement l’Escaut.

L’essaim des passagers étaient encore plus agité que la veille. On avait dîné pour la première fois sur le navire, un dîner abondant et appétissant : du rosbif et des légumes frais pour tous, et même quelques poulets rôtis pour les délicats des deux premières classes. Là-dessus, les passagers avaient pris leur ration de vin ou de liqueurs fortes, et, sous l’influence de cette légère émotion qui, chez quelques-uns, dégénérait en une ivresse complète, les esprits étaient montés à un degré d’excitation extraordinaire.

Le pilote essaya enfin de faire régner un peu d’ordre sur le pont ; mais on reçut ses avis et ses ordres en se moquant de lui, en riant et en dansant. Il alla, tout courroucé, du côté du gouvernail,