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— Et toi, Donat ?

— Moi, pour sauver la vie à un homme, je porte la claie et les haches jusqu’à l’autre bout du monde. Cela nous rendra Dieu favorable, et peut-être, pour nous récompenser, éloignera-t-il de nous les sauvages.

— Qu’en dis-tu, baron ? demanda Pardoes.

— Je pense, répondit le baron, que la vie d’un homme ne vaut pas la peine de faire tant d’embarras ; mais, soit, le malheureux est encore jeune ; je veux bien porter ma part des instruments.

Victor et ses amis avaient déjà déchargé en grande partie le mulet ; ils soulevèrent prudemment le blessé et le placèrent sur la bête. Le pauvre jeune homme remercia Victor les larmes aux yeux et lui jura chaleureusement de garder jusqu’au bord de la tombe le souvenir de sa générosité.

Selon leur promesse, Roozeman et Creps prirent la plus grande partie des instruments sur leur dos, et on lia le panier sur celui de Donat.

Le voyage fut repris. En route, l’Anglais raconta comment ce malheur lui était arrivé :