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nous charger de ce blessé, nous devrons de nouveau porter sur notre dos les instruments et la claie, et nous en serons beaucoup retardés. Quant à la récompense qu’il nous promet, ne vous y fiez pas ; une fois en sûreté, il nous dira : « Je vous remercie et bonjour. »

— Mais laisserons-nous donc mourir impitoyablement dans ce désert un chrétien, notre prochain ? Allez, continuez votre chemin, messieurs. S’il le faut, je resterai seul avec ce malheureux, et le porterai, si je puis.

Le blessé, qui les regardait de loin, vit bien que le jeune homme aux cheveux blonds plaidait en sa faveur. Aussi tendait-il vers lui des mains suppliantes et son regard était plein d’éloquence.

— Eh bien, je m’oppose positivement au projet ridicule de Roozeman, dit le matelot. Porte les instruments qui veut ; moi, je ne me charge plus de rien.

— Soit ! alors nous porterons tout, n’est-ce pas, Jean ?

— Certes ; une pareille insensibilité est horrible.