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Quelques minutes après, ils étaient en route. Donat voulait absolument porter le sac et le fusil du baron ; mais le Français, qui ne comprenait pas la cause de cette obligeance subite, repoussa son offre par un refus hautain et une froide raillerie.

Kwik eût bien voulu rendre au baron, par d’autres services, les trois quarts d’heure qu’il lui avait volés ; mais, repoussé avec si peu d’amitié, il était retourné près du mulet et marchait à moitié découragé.

Il raconta à voix basse à la bête comment il avait passé cette triste nuit et quelles choses horribles il avait vues. Il déplora son départ de Natten-Haesdonck, et parla avec tant d’enthousiasme de son village natal, de ses grasses prairies et du repos et de la paix dont on y jouissait, sans avoir à craindre ni assassins, ni revenants, ni sauvages, que le mulet, s’il avait pu le comprendre, eût cru certainement que Natten-Haesdonck était situé dans le paradis terrestre. Pour se consoler lui-même, il s’efforçait d’inspirer du courage à la bête