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obligé de me coudre la bouche ? Allons, allons, vive la joie !… Hourra ! hourra ! vive la Californie !

Et, tournant sur lui-même comme une toupie et balançant les bras comme un moulin à vent, il sauta au milieu d’un groupe de gens joyeux.

En ce moment, le Jonas tourna derrière la Tête-de-Flandre, et la ville d’Anvers disparut aux regards des passagers. Les voiles s’enflèrent sous un vent favorable. Le joli brick pencha légèrement de côté et s’élança avec un redoublement de vitesse à travers les vagues agitées.

– Viens, Victor, dit Jean en prenant la main de son ami, descendons pour dire un mot à nos provisions et déboucher une bouteille de madère.

– Oui, oui, répondit Victor avec enthousiasme, l’heureux voyage est commencé. Hourra ! buvons un coup là-dessus ! L’avenir nous appartient.

Pendant qu’ils parlaient de leurs projets et de leurs espérances en buvant un verre dans l’entrepont, le Jonas descendait le cours de l’Escaut jusqu’à la hauteur de Calloo, où on laissa tomber l’ancre pour attendre la marée du lendemain.