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Donat se démenait plus fiévreusement encore que la veille. Il tenait ses yeux fermés ; car, aussitôt qu’il les ouvrait, l’obscurité prenait pour lui toutes sortes de formes effroyables. Il voyait le cadavre du Mexicain, le cadavre du pendu et le cadavre de la victime passer et repasser devant ses yeux en le menaçant. Mais ce qui le frappait d’une terreur encore plus profonde, c’était la pensée qu’il allait être appelé vers le milieu de la nuit pour relever la sentinelle. Il allait donc se trouver seul aussi dans les ténèbres ! Ses camarades sous la tente ronflaient sourdement et semblaient plongés dans un sommeil bienfaisant ; il enviait cette tranquillité d’esprit et se disait en lui-même qu’il eût donné un morceau d’or aussi gros qu’une pomme pour pouvoir oublier comme eux qu’il y a des esprits qui reviennent. Il se mit à prier ardemment, et, soit que sa prière diminuât son effroi en occupant son esprit, soit qu’il succombât aux fatigues du voyage, il tomba enfin dans un léger assoupissement qui finit par devenir un vrai sommeil.

Vers le milieu de la nuit, il sentit que quelqu’un