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triomphe et, sans que personne eût rien remarqué, disparut avec un navaja ou poignard de poche à la main. En outre, l’attention fut détournée du fuyard par un cri de douleur qui échappa au même instant au matelot.

L’Ostendais tenait la main à son côté et disait qu’il avait reçu un coup de poignard. On l’aida à ôter ses habits et chacun tremblait de crainte qu’il n’eût été frappé mortellement par le fils de sa victime.

Lorsqu’on eût mis son flanc à découvert, on constata avec joie que le poignard avait porté sur l’unique dollar que le matelot portait encore dans sa ceinture de cuir, et n’avait fait que l’égratigner un peu en glissant. Il reconnut lui-même que cela ne valait pas la peine d’y songer et n’était pas assez grave pour arrêter sa marche une seule minute.

On reprit les sacs. On parla encore quelques instants de l’événement ; mais les esprits s’assombrirent peu à peu sous l’obsession de tristes pensées, et la petite troupe continua silencieusement sa route par monts et par vaux.