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feu, le fusil à la main, sans avoir conscience de lui-même. La tête lui tournait et il murmurait entre les dents avec dépit :

— Jolie fête des patates ! drôles de crêpes ! Ah ! si j’étais à Natten-Haesdonck !

Tout à coup il se mit à trembler de tous ses membres : il lui semblait voir, droit devant lui, dans la demi-obscurité, quelques hommes courbés s’approcher à travers les senevés touffus. Il ne lui fut bientôt plus permis d’en douter : un de ces ennemis qui marchaient en rampant s’était redressé tout à coup. Donat arma son fusil, épaula, et dit en levant les yeux au ciel :

— Ô mon Dieu ! pardonnez-moi, ce n’est pas ma faute !

Après cette courte oraison, il lâcha la détente. Un cri perçant retentit, et l’homme tomba en arrière. Les autres voleurs s’élancèrent pour tomber sur Donat ; mais il tira si résolûment sur eux avec son pistolet, qu’ils parurent hésiter.