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condement, on coupe quelques morceaux de lard salé et on les frit dans la poêle. Troisièmement, on mélange un peu de farine de froment avec de l’eau, et avec la graisse du lard on en fait quelques gâteaux. Hors les cas extraordinaires, la cuisine des chercheurs d’or n’offre pas d’autres plats.

Pendant que Donat s’occupait près du feu avec activité, les autres s’étaient étendus par terre sous la voile, isolés chacun dans sa couverture de laine et avec la tête appuyée sur son havre-sac. Le Bruxellois et le matelot fumaient une pipe ; le Français semblait déjà endormi ; Jean et Victor suivaient des yeux Donat et riaient de ses gestes bouffons et de ses facéties.

La nuit était venue et l’horizon du vallon avait disparu dans la clarté douteuse du crépuscule. Lorsque l’odeur du premier gâteau monta aux narines de Donat, l’eau lui en vint à la bouche, et il se mit à chanter joyeusement.

Puis il éleva en l’air un plat en fer-blanc ; et, montrant le gâteau à ceux qui étaient couchés sous la tente, il s’écria :