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sa poitrine. Il éloigna avec une sorte de colère le grossier compagnon de voyage, et s’écria :

– Ah çà ! mon gaillard, êtes-vous fou ou gris ?

– Je crois, en effet, que j’ai un petit coup dans le cerveau, répondit l’autre. Il y a de la bonne bière à Anvers, de la forte bière…

– Ne voyez-vous pas que vous me mouillez et que vous abîmez mes vêtements ?

– Pardieu ! j’avais oublié le bain froid ! Bah ! camarade, nous pourrons acheter là-bas autant d’habits que nous voudrons. De l’or par brouettes !

– De quel pays êtes-vous ? À votre langage, on dirait que vous venez de Matines ? demanda Jean.

– Vous l’avez presque deviné. Je suis Donat Kwik, un fils de paysan de Natten-Haesdonck, au delà de Rupelmonde, dans le petit Brabant, dit l’autre en bredouillant très-vite. Ma tante est morte ; j’ai hérité, mais pas assez, à mon goût. Je vais chercher de l’or. À mon retour, je me marie avec Hélène, la fille du notaire, ou avec Trine, la fille du bourgmestre, ou avec la demoiselle du châ-