Page:Conscience - Le pays de l'or, 1869.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La raison pour laquelle Pardoes avait admis cet associé muet dans sa compagnie, c’est que le Français avait offert tout l’argent qu’il possédait pour devenir leur compagnon de voyage ; et comme cet argent était suffisant pour acheter les armes qui manquaient encore, les Flamands avaient accepté sa proposition avec joie.

Victor était le seul qui, par sympathie et par certain sentiment de compassion, témoignât quelque amitié au gentilhomme ; l’Ostendais était le compagnon habituel de Pardoes ; Jean Creps paraissait s’entendre également bien avec tous. C’était aussi le cas de tous ; car, quoiqu’il portât sur son dos la grande claie et qu’il fût chargé outre mesure, il faisait souvent éclater les autres de rire, par ses cabrioles comiques et par ses saillies bouffonnes. Pendant qu’ils gravissaient ainsi la pente d’un vallon, le Bruxellois, qui allait toujours en avant, tournait la tête de tous côtés comme s’il craignait une rencontre ; tantôt il examinait le sol et paraissait suivre des traces indistinctes de pieds ;