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Bruxellois l’avait accepté dans l’association, quoiqu’il fût sans ressources, à cause de sa force corporelle, qui devait lui faire supporter facilement la vie fatigante des mines. — Le second était un gentilhomme français d’environ quarante ans, maigre, aux traits réguliers et haut perché sur ses jambes. Cet homme était évidemment d’une grande naissance ; il y avait dans sa démarche, dans la finesse de ses extrémités et même dans l’expression de ses lèvres, quelque chose qui accusait une éducation distinguée et qui contrastait singulièrement avec la physionomie grossière et ignoble de l’Ostendais. Le Français n’était cependant pas un compagnon amusant ; il ne parlait que quand il ne pouvait sans impolitesse rester muet, et encore ses paroles étaient amères et trahissaient l’indifférence ou l’orgueil. Le plus souvent il paraissait rêveur et se parlait à lui-même, comme quelqu’un qui est poursuivi par des pensées secrètes ou par une conscience bourrelée, ce qui faisait dire à Donat qu’il avait des rats en tête et qu’une des vis de son cerveau était probablement détachée.