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suis Donat Kwik ; j’ai payé mon passage ; il faut que j’aille aussi au pays de l’or !

Ce jeune homme paraissait être un paysan ; la longue redingote bleue qui lui pendait jusqu’aux talons, son visage rouge et bouffi, son air naïf ou bête, et surtout ses grandes mains et ses membres robustes et trapus, indiquaient qu’il avait quitté les travaux des champs pour courir également après la fortune.

Son premier pas ne fut cependant point heureux. Dans sa crainte que le canot ne partît sans lui, il sauta avec une précipitation aveugle sur le bord du léger esquif et culbuta dans l’eau la tête la première.

Un matelot le saisit par les cheveux ; un second, aidé de Jean, le tira dans la barque, au milieu des éclats de rire et des applaudissements des bourgeois réunis sur le quai.

Le paysan regarda autour de lui avec embarras, se frotta la tête, rejeta une gorgée d’eau et murmura tout stupéfait :

— Camarades, il y a, pardieu ! trop de sel dans