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Victor prit les deux mains de la jeune Lucie dans les siennes et pénétra par un long regard jusqu’au fond de son cœur ; ses yeux demandaient : « M’attendras-tu ? Ne m’oublieras-tu pas ? » La demande et la réponse devaient être toutes les deux très-émouvantes, car un torrent de larmes roula sur le visage de la jeune fille, et le visage du jeune homme s’illumina d’une joie extrême.

Le marin prit Victor par le bras et l’entraîna vers la barque. Le jeune homme, ému, embrassa encore sa mère et murmura à son oreille les plus ardentes paroles d’amour.

— Eh bien, puisque Dieu l’a permis, dit-elle en sanglotant, va, mon fils ; je prierai pour toi tous les jours, toutes les heures. Ne m’oublie pas ! n’oublie pas ta mère !

Victor descendit dans le canot : les rames plongèrent dans le fleuve… En ce moment, on vit accourir de loin un jeune homme qui agitait ses bras au-dessus de sa tête, avec des gestes inquiets, et qui criait :

— Attendez un peu, pour l’amour de Dieu ! Je