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dangereux qu’une petite excursion à Bruxelles par le chemin de fer.

— Victor, Victor, dépêche-toi ! on lève déjà l’ancre là-bas ! s’écria Jean, qui se tenait debout dans une barque. On nous annonce qu’il n’y a plus de temps à perdre.

Lorsque la veuve regarda, du bord de l’Escaut, le faible esquif qui allait dans quelques minutes lui enlever, pour toujours peut-être, son fils bien-aimé, les larmes tombèrent sur ses joues et elle le pressa en sanglotant dans ses bras. Ce tendre embrassement émut profondément Victor, et il s’efforça de consoler et de tranquilliser sa mère affligée par de douces paroles, et en lui promettant plus d’aisance et de bonheur pour ses vieux jours.

Il fût resté longtemps encore sur le cœur de sa mère, sourd à l’appel de son ami ; mais le vieux capitaine, l’oncle de Lucie, l’arracha de ses bras en se moquant de cet excès d’attendrissement. Jean, de son côté, criait plus fort que jamais que la barque ne pouvait attendre plus longtemps.