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Le gentilhomme de notre gamelle y porte des planches de sapin sur le dos ; le banquier allemand est attelé à une petite charrette et transporte des ballots de marchandises, avec le journaliste et le procureur. Le camarade à la moustache rousse cherche des débris de faïence, des bouteilles, des chemises sales pour un vieux juif qui, en faisant le métier de chiffonnier en gros, a déjà amassé des trésors. Cela va drôlement ici ! Une chemise de coton neuve coûte un dollar, et, pour la faire laver, on paye, pardieu ! deux francs et demi. Chacun porte sa chemise aussi longtemps qu’il peut, et la jette ensuite. Le Juif arrive, la ramasse, la fait laver et la revend. Ainsi de même des bouteilles vides, qu’on a l’habitude de jeter par la fenêtre. Les maisons de jeu doivent racheter les bouteilles au juif. Si je n’avais pas trouvé un meilleur emploi je deviendrais moi-même juif, c’est-à-dire chiffonnier. Mais je perds mon fil… Le Bruxellois connaît beaucoup de monde à San-Francisco. Il a couru de porte en porte avec moi, afin de chercher un petit poste pour vous et pour moi. Je suis accepté