Page:Conscience - Le pays de l'or, 1869.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère. Cette pauvre Lucie Morrelo, elle marche la tête haute et paraît contente ; mais la servante du capitaine m’a dit que, depuis huit jours, elle ne fait que pleurer lorsqu’elle est seule.

— Tant mieux, mon frère.

— Comment cela ?

— Certainement, c’est une preuve qu’elle aime sincèrement mon ami Victor. Cela me réjouit pour lui.

Les personnes dont l’arrivée avait été annoncée par le frère de Jean se montrèrent bientôt au coin de la rue. C’était une dame déjà vieille, qui marchait en parlant à côté d’un jeune homme et lui pressait la main avec une tendresse inquiète, pendant que lui dirigeait vers le Jonas, pavoisé comme aux jours de fête, des yeux où brillait une joyeuse excitation.

Derrière eux venait un homme avec des joues tannées et de larges favoris, qui donnait le bras à une très-jeune fille au visage charmant et délicat, et s’efforçait de lui faire comprendre, en riant et en plaisantant, qu’un voyage en mer n’était pas plus