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nante. Cette richesse l’aveugla enfin, la passion et qu’il avait mise à lutter contre le sort qui le favorisait obstinément le domina au point qu’il oublia la condition posée, et qu’il continua le jeu comme s’il n’avait plus la conscience de ce qu’il faisait. Il arrivait bien quelquefois qu’il perdît ; mais la bonne chance revenait vite, et, malgré l’inconstance du sort, le bonheur lui resta fidèle.

Cependant ses amis jouaient un jeu plus modeste. Creps perdait sans relâche. Donat n’avait pas la même déveine, car il avait déjà un assez bon tas de dollars devant lui.

Il vint un moment où la fortune se déclara avec une merveilleuse constance pour Victor. Il gagnait coup sur coup, et le banquier lui jetait en grognant des poignées d’or et des billets de banque.

On entoura l’heureux joueur et maints regards flamboyants étaient fixés avec envie sur les richesses qu’il avait gagnées. Victor ne voyait rien de ce qui l’entourait, tant il était absorbé par le jeu ; il avait presque oublié que ses amis luttaient également avec la fortune à côté de lui.