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d’un air mécontent et grommela qu’il avait perdu sept dollars sur les vingt-cinq que Victor lui avait donnés à bord du Jonas.

Pour Creps, il avait été plus heureux : il avait même possédé un moment plus de trois mille francs ; mais le sort s’était enfin déclaré contre lui, et il avait quitté la table, sur le conseil d’un Américain, pour donner à la chance le temps de changer. En tout cas, il avait encore gardé environ cinq cents francs de son gain et pouvait recommencer à jouer sans inquiétude.

Jean voulut régaler ses amis avec l’argent gagné et fit apporter trois grogs chauds. En buvant, il engagea Roozeman à risquer aussi une couple de dollars, afin de savoir au moins si la fortune voulait lui être favorable ou non. Il se moquait de l’horreur que son ami paraissait éprouver pour le jeu, et le poursuivait de ses railleries. Victor, plus ou moins excité par la boisson, se leva tout à coup et dit :

— Eh bien, tu le veux, je jouerai ! mais à une condition : je prends dix dollars et je les mets en-