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— Ciel ! cela fait cent mille francs ! C’est une vraie mine d’or pour qui a un peu de bonheur. Je suis né coiffé, moi ! Qui sait, messieurs, si je tentais un peu la chance ? Deux dollars de plus ou de moins se sont pas une affaire. Si j’osais seulement aller à la table…

— Ne joue pas, je t’en prie, dit Victor avec une sorte d’effroi.

— Seulement deux dollars ; si je les perds, je cesse.

— En effet, que nous font quelques dollars ? remarqua Creps. Je veux voir comment va le jeu de la monte : d’ailleurs, une dizaine de dollars, ce n’est pas trop pour savoir si la fortune n’a point par hasard l’envie de nous favoriser.

Victor resta assis et suivit d’un regard à demi, dépité ses amis, qui s’approchaient à pas lents de la table.

Ils suivirent le jeu pendant quelques instants avant de risquer leur argent ; une demi-heure après, ils retournèrent près de Roozeman. Jean riait d’un air triomphant, Donat se grattait la tête