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dans la maison de jeu, où heureusement ils trouvèrent, dans un coin, un banc pour s’asseoir. Lorsqu’ils eurent reçu et payé leur petit verre de rhum, ils promenèrent leurs regards autour d’eux.

Ils étaient dans une grande salle splendidement éclairée, mais si remplie de la fumée du tabac et des vapeurs de l’eau-de-vie, qu’en entrant on était à demi suffoqué et qu’on sentait ses yeux se mouiller de larmes avant de pouvoir s’habituer à cet air vicié et à cette atmosphère chargée de nuages. Une population étrange et singulièrement mêlée grouillait dans cette salle. On y voyait bien quelques personnes qui avaient l’air d’honnêtes gens, mais la plus grande partie des habitués se composait de tout ce que la Californie offrait de plus ignoble, de plus sauvage et de plus repoussant. Outre les joueurs, on voyait s’y promener des hommes à figures suspectes qui avaient probablement tout perdu et passaient toute la soirée dans la maison de jeu pour voir de l’or, et épiaient peut-être l’occasion de s’en procurer d’une manière quelconque. Il régnait là un murmure assourdissant de voix