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Il y en avait long à raconter aux parents : aussi l’ouvrage dura-t-il plus d’une heure. Jean Creps, qui eut fini le premier, ne voulut pas déranger Victor et regarda Donat Kwik en souriant.

Le pauvre garçon suait sang et eau pour nouer ses phrases ensemble, et faisait des lettres grandes comme des dés à coudre ; il se grattait l’oreille, mâchonnait sa plume et chiffonnait avec dépit les feuilles de papier barbouillées, pour recommencer, chaque fois son pénible travail.

— Allons, Victor, finis donc ! dit Creps. Il y a moyen d’écrire un volume sur notre voyage ; mais, dans ce cas, cela durerait jusqu’à demain.

— J’ai fini, répondit Victor. J’ai eu de la peine, Jean, à tourner mes paroles de manière que ma mère, ne devine pas quelle misère nous avons soufferte.

— Ainsi, tu n’as parlé ni du calme, ni de la maladie, ni des horribles requins ?

— Si certes ! mais sans y donner beaucoup d’importance. Voilà, lis ; tu verras si nos lettres s’accordent.