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soufferts, ni de la vie sauvage des habitants de San-Francisco, car il ne fallait pas effrayer les parents ; au contraire, il fallait montrer tout en beau, pour réjouir les amis, à Anvers.

Un grand tumulte s’éleva en ce moment à l’extrémité de la table ; deux joueurs semblaient en discussion pour un coup de dés. Ils frappaient du poing sur la table, ils juraient et se menaçaient avec une fureur croissante ; mais les Flamands ne comprirent pas ce qu’ils disaient. Tout à coup, l’un d’eux se leva de la table et mit en poche le monceau d’or contesté ; mais l’autre, rugissant comme un lion, sauta sur lui, le renversa en arrière et lui mit un genou sur la poitrine en criant qu’il l’étranglerait s’il ne rendait pas l’or. Celui qui était tombé, restant muet, se démenait et se tordait les membres avec tant de rage que l’écume lui sortait de la bouche.

— Rends ! rends ! rugissait l’autre.

Et, comme il ne reçut pour réponse de son adversaire qu’une insulte grossière, il étendit une de ses mains vers la table, prit un long couteau et