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l’air plus riche que les mendiants qu’ils avaient remarqués sur le quai, à San-Francisco ; ils étaient également sales et déguenillés, et, à part leurs regards fiers et leur langage impérieux, leurs costumes et leur physionomie portaient ce cachet de négligence et de pauvreté auquel on reconnaît en Europe, au premier coup d’œil, l’homme qui souffre de la faim et de la misère. Kwik ne comprenait pas comment cela se pouvait ; ce n’était donc pas de pauvres gens qu’il avait vus en si grand nombre ? La hardiesse et la rude fierté de tous lui étaient expliquées : ces hommes en haillons avaient leurs poches pleines d’or, c’est à cause de cela qu’ils étaient fiers et qu’ils exigeaient dix francs pour porter une malle à quelques centaines de pas.

Roozeman et Creps dirigeaient aussi par moments leurs regards vers les joueurs pour voir briller l’or amoncelé devant eux, et ils n’étaient pas moins satisfaits d’avoir un avant-goût de la fortune qu’ils allaient amasser. Ils mangèrent et burent cependant avec appétit, et causèrent avec