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l’or de Californie ! Jusqu’à ce moment, par une méfiance naturelle, il avait craint que lui et tous ses camarades du Jonas ne fussent victimes d’une escroquerie adroite et calculée. Maintenant il devait bien croire à l’or, il brillait devant ses yeux ; il en voyait jouer des poignées comme s’il n’avait pas eu plus de valeur que les noisettes ou les amandes du marchand d’oublies de Natten-Haesdonck. Il suivait les mouvements des joueurs et regardait avec étonnement comment, tout en proférant mille interpellations passionnées, ils pesaient la poudre d’or et les grains dans une petite balance et se défiaient ensuite à mettre pour enjeu d’un coup de dés un ou plusieurs de ces petits tas qu’ils nommaient une once.

Il lui faisait bien un peu de peine de voir sur la table, à côté de chaque tas d’or, un revolver ou un long couteau ; mais la fortune qu’il avait rêvée était une réalité et non un leurre. Cette conviction remplit son cœur de courage et de confiance. En outre, les hommes qui maniaient l’or comme si c’eût été une substance sans valeur n’avaient pas