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resta plus aux passagers qu’à se conduire selon le proverbe américain, help yourself, que Donat traduisit par : Tâche de te tirer toi-même du pétrin.

Il n’y avait rien à faire contre le sort ; la nuit allait venir, il fallait chercher un logis où l’on obtint au moins un abri pour la nuit. Il pouvait se passer encore quelques jours avant l’arrivée des directeurs de la société. Ceux qui avaient de l’argent n’avaient rien à craindre ; les autres se tireraient d’embarras comme ils pourraient.

Deux hommes accoururent en même temps pour porter la malle de Victor, qui était assez grande. Tous les deux y avaient déjà mis la main, et l’un repoussa l’autre avec violence en proférant des paroles grossières. Un des deux tira son couteau et menaça d’en percer l’autre ; mais ce dernier sauta sur lui comme un tigre furieux, lui arracha son couteau, qu’il jeta loin de lui, frappa son adversaire à la figure avec une telle force, que le sang lui sortit par le nez et par la bouche, et jura, le revolver à la main, qu’il lui brûlerait la cervelle s’il faisait encore un pas pour se rapprocher.