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entendu dire que, dans les États-Unis d’Amérique, personne ne sort de chez soi sans revolver ? C’est pourtant une nation puissante et civilisée, qui donne à l’ancien monde l’exemple de l’indépendance individuelle et de la liberté la plus large. Vous en aurez l’expérience…

Un monsieur, passablement bien mis, à la physionomie noble et fière, s’approcha de Creps et s’offrit pour porter leurs bagages à la ville. Les Flamands le regardèrent avec de grands yeux, et Jean répondit en anglais qu’ils n’avaient pas, pour le moment, besoin de son service, parce qu’ils attendaient des gens qui se chargeraient de leurs coffres. Roozeman lui demanda très-poliment comment il se faisait qu’un gentleman comme lui se vît forcé de faire un travail d’esclave pour gagner quelques schellings.

— Quelques schellings ! répéta l’autre en souriant. L’état n’est pas aussi mauvais que vous le croyez. Je gagne journellement huit dollars et quelquefois douze.

— Que dit-il là ? s’écria Donat, qui avait appris