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gens-là sont probablement des voyageurs nouvellement arrivés, comme nous. Ils n’ont pas encore eu le temps ni l’occasion d’aller aux mines d’or, et, ne faisant pas, comme nous, partie d’une société qui pourvoit à leur entretien, ils souffrent un peu de misère. Vous remarquez cependant bien que l’espoir ou la certitude d’être bientôt riches leur gonfle le cœur et les rend fiers. Croyez-moi, ce que vous voyez ici est la réalité du rêve que les plus nobles cœurs caressent en Europe : la fraternité, l’égalité entre tous les hommes et toutes les nations, sans distinction de sang ni de rang.

— Oui, mais la fraternité avec tous ces pistolets et ces longs couteaux, répliqua Donat, m’inspire peu de confiance. Si ces deux gaillards là-bas, avec leurs sales barbes, qui nous regardent si singulièrement, sont mes frères, pardieu ! je n’aimerais point rencontrer quelqu’un de ma famille seul dans un bois !

— Tu ne comprends pas, répliqua Jean. L’arme à la ceinture de ces hommes est le signe de la liberté et de la vraie indépendance. N’as-tu jamais