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voleur de ses billets, et le Français pouvait lire ce soupçon dans ses yeux. Un jour, qu’il avait de nouveau frappé cruellement le pauvre garçon au visage, Victor était accouru et avait défendu son compatriote ; Jean Creps était intervenu, et ainsi une rixe violente s’était élevée sur le pont. Le capitaine, après avoir entendu les explications de part et d’autre, avait fait mettre le Français pour deux jours au cachot. Depuis ce moment, la moustache rousse nourrit une haine furieuse contre Kwik et lui suscita, par ses camarades, toutes sortes de tourments.

Cependant le Jonas poursuivait sa route avec un vent très-favorable. On commença à compter les jours, et lorsque le capitaine annonça enfin qu’on allait atteindre la baie de San-Francisco, la fièvre de l’impatience gagna tous les passagers. Une après-midi que le ciel était très-nébuleux, les deux amis étaient assis avec Donat dans l’entre-pont de la seconde classe et s’entretenaient avec animation du terme prochain de leur long voyage et de leur débarquement dans le pays de l’or.